vendredi 27 avril 2012

Le satellite Solar Orbiter va examiner le Soleil de près

Vue d'artiste de Solar Orbiter.
L'agence spatiale européenne a confié sa fabrication à Astrium, la filliale d'EADS pour 300 millions d'euros.


Même s'il brille en permanence au-dessus de nos têtes, le Soleil recèle encore d'importantes zones d'ombre. Pour les dissiper, l'Agence spatiale européenne (ESA) a confié ce jeudi 26 avril à Astrium, filiale spatiale du groupe EADS, la maîtrise d'œuvre de son nouveau satellite d'observation du Soleil, Solar Orbiter, qui devrait être lancé en 2017 par une fusée américaineAtlas V. Le contrat, d'un montant de 300 millions d'euros, a été signé au British Science Museum de Londres, dans le cadre de la célébration des cinquante ans de la UK Space Agency, l'agence spatiale britannique. Rarement un objet fabriqué par l'homme n'aura frôlé d'aussi près notre étoile. Au point le plus proche, Solar Orbiter ne se situera qu'à 0,28 unité astronomique* (UA) du Soleil, soit moins que Mercure (0,307 UA). De là-haut, cette sonde de 2,50 m de hauteur pour une masse d'environ 1,8 tonne, aura un point de vue privilégié sur la surface solaire, les phénomènes qui l'animent et les flux de particules qui en résultent.

Successeur d'Ulysses et surtout de Soho, toujours en activité après dix-sept ans de bons et loyaux services, «Solar Orbiter aura pour objectif principal de mieux comprendre la corrélation entre les éruptions parfois très violentes qui se produisent à la surface du Soleil, comme les éjections de masse coronale, et leur propagation dans l'espace», explique Emmanuel Coletti, l'un des ingénieurs en charge du projet, basé à Stevenage, près de Londres, où le satellite et ses dix instruments de mesure seront intégrés.

Caprices de la «météo spatiale»

Lors de ses brutales sautes d'humeur, le Soleil libère d'énormes quantités de particules chargées, très énergétiques, qui sont susceptibles d'endommager gravement les réseaux d'alimentation électrique, les systèmes informatiques, les satellites (télécommunications, GPS) ou de mettre en danger la santé des astronautes. Or, comme le rappelait l'astronome britannique Mike Hapgood, la semaine dernière dans Nature, nos sociétés hypertechnologiques sont devenues très vulnérables à ces caprices de la «météo spatiale». Les conséquences économiques d'un black-out prolongé, à l'échelle d'un pays ou d'un continent, seraient en effet incalculables.

Les scientifiques comptent beaucoup sur les données, pour la plupart inédites, que Solar Orbiter devrait transmettre pendant sept ans pour améliorer les modèles de prévision de ces redoutables tempêtes solairesafin de mieux s'en prémunir. Grâce à son orbite éloignée du plan de l'écliptique, la sonde aura en effet un point de vue unique sur les pôles du Soleil, véritables «terres inconnues» qui jouent un rôle central sur son magnétisme.

Mais pour réussir ce pari, les ingénieurs d'Astrium vont devoir «caser» les dix instruments de Solar Orbiter sur un espace très réduit, tout en les protégeant de la chaleur. «La température du bouclier thermique atteindra 600°C. Or, les capteurs ne peuvent fonctionner qu'à - 60°C. Il va falloir gérer tout ça!», confie Emmanuel Coletti.

* 1 unité astronomique est équivalente à la distance Terre-Soleil, soit environ 150 millions de kilomètres.


Par Marc MennessierMis à jour le 26/04/2012 à 22:04 | publié le 26/04/2012 à 19:33

http://www.lefigaro.fr/sciences/2012/04/26/01008-20120426ARTFIG00751-le-satellite-solar-orbiter-va-examiner-le-soleil-de-pres.php

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