jeudi 22 mars 2012

L’atout Cifre

Peu adaptés aux logiques du business, dotés d’un savoir trop académique... C’est l’image que véhiculent bien souvent les doctorants dans les entreprises. Rien d’étonnant, dans ces conditions, si les recruteurs ont tendance à leur préférer, dans le domaine des technologies, les ingénieurs. Un dispositif a pourtant, depuis une trentaine d’années, changé peu à peu la donne : celui des Cifre (Conventions industrielles de formation par la recherche).

La convention Cifre permet à un jeune chercheur, titulaire d’un master (56 % d’entre eux) ou d’un diplôme d’ingénieur (44 %), de préparer sa thèse en entreprise, avec CDD ou un CDI, pour trois ans. L’entreprise, qui bénéficie d’une subvention de 14.000 euros par an, verse au chercheur un salaire brut annuel minimal de 23.484 euros. Depuis leur création, en 1981, 14.000 conventions ont été signées ; 6.000 entreprises en ont bénéficié. Sur 11.000 chercheurs formés chaque année, quelque 1.200 à 1.300 bénéficient d’une convention.

« La convention Cifre a permis de resserrer les liens entre la recherche et le monde économique, assure Damien Créquer, co-fondateur du cabinet de recrutement Taste. Un docteur muni d’une thèse vend à la fois une expertise en recherche et sa connaissance de l’entreprise ». Selon l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT), le Cifre apparaît comme le meilleur sésame de l’insertion professionnelle des chercheurs : 90 % sont en poste six mois après la soutenance de leur thèse. Adopté par les grandes entreprises et les PME

Le dispositif séduit les grandes entreprises. Alcatel-Lucent, EDF, Orange, PSA, Renault, la RATP... Toutes accueillent des doctorants dans leurs laboratoires. STMicroelectronics accueille chaque année près de 80 thésards, pour travailler à la fois sur des projets de recherche fondamentale et appliquée. Un tiers sont recrutés à l’issue de leur recherche.

Les PME l’ont également adopté. A l’instar de la société Kimoné, née en 2005 et spécialisée dans la valorisation des forêts (4 salariés). Cette collaboration, menée avec une universitaire en microbiologie des sols et deux laboratoires, le Limos, à Nancy, et le Cemagref, à Grenoble, lui permet d’améliorer ses techniques de reboisement grâce à une meilleure connaissance des sols et de l’éco-système.

Le must, toutefois, reste la double compétence ingénieur-docteur. Chez STMicroelectronics, 80 % des thésards sont issus d’écoles d’ingénieurs. Un recrutement facilité par les partenariats existants entre l’entreprise et Centrale, Polytechnique ou les Arts et Métiers-ParisTech. Les jeunes ingénieurs ne sont, d’ailleurs, pas insensibles, à cet engouement. « De plus en plus de diplômés poussent les portes des labos de recherche après leur diplôme », note Henri Maitre, directeur de l’école doctorale de Telecom-ParisTech.

par ANNE BARIET

dimanche 18 mars 2012
par antonin

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