vendredi 28 octobre 2011

Pour Guetta, pas de victoire islamiste en Tunisie

Editorialiste, c'est un métier. Quand l'actualité vous donne tort, il faut savoir retomber sur ses pattes. Illustration avec Bernard Guetta, éditorialiste sur France Inter et à Libération. Ce matin, dans sa chronique de Libé, Bernard Guetta relativise la poussée islamiste en Tunisie. Une pensée à contre-courant donc, mais qui minimise surtout l'erreur du même Guetta, qui annonçait la semaine dernière... que les islamistes ne pourraient pas gagner. 

C'est à lire dans Libération ou à écouter sur France inter ce matin. Pour Bernard Guetta, qui analyse les résultats des élections en Tunisie, c'est une "étrange lecture des choses" que de dire que les islamistes d'Ennahda ont gagné ces élections. Et Guetta a des arguments chocs : tout d'abord, "petite ou grosse, une moitié des Tunisiens a voté pour des partis laïcs, un Tunisien sur deux n’a pas voté islamiste et cette réalité majeure, cette si réjouissante confirmation du fait que ce pays et, derrière lui, l’ensemble du monde arabe sortent enfin de l’alternative fatale entre dictatures et barbus", écrit-il dans Libé.




Petite ou grosse moitié ? Ennahda n'a-t-il pas remporté les élections ? Si, mais ce serait surtout la faute des laïcs: "Ce ne sont pas les électeurs tunisiens qui l’ont voulu. Ce n’est pas, non plus, le résultat d’une manipulation islamiste. La faute en revient - les faits sont là - aux courants laïcs et à leurs chefs de file qui n’ont pas été fichus de se présenter unis aux élections ou d’annoncer, au moins, qu’ils gouverneraient ensemble, derrière celui de leurs partis qui serait arrivé en tête."

Il n'y aurait donc pas de victoire des islamistes, qui n'auraient d'ailleurs d'islamistes que de nom, car pour Guetta, "c’est tout sauf une droite éclairée, mais ce n’est ni la lapidation des femmes adultères ni la guerre sainte contre l’Occident' : "Ce n’est que la première droite d’une démocratie naissante, une droite d’autant plus inquiétante qu’elle croit avoir le monopole de la morale, mais une droite beaucoup plus composite qu’il n’y paraît et dont l’évolution n’est pas achevée. Cette droite n’est pas plus à ostraciser qu’à diaboliser".

L'analyse de Bernard Guetta tranche donc avec la tonalité du reste de la presse. Et cette prise de position originale peut aussi s'expliquer par le fait qu'elle serve à "rattraper" une précédente analyse étonnante de l'éditorialiste, la semaine dernière.

Jeudi dernier, face à une Marine Le Pen plutôt interloquée, Guetta expliquait que la chute des dictatures était le meilleur rempart contre les islamistes. Et lorsque Le Pen expliquait que les islamistes, mieux organisés, allaient arriver au pouvoir...


... Guetta était formel, d'autres forces politiques allaient émerger picto


Les faits lui ont donné tort. Et si on en croit la vision des choses de l'éditorialiste, ce n'est pas de sa faute, mais de celle des "courants laïcs" tunisiens.

Il y a deux ans sur notre plateau, Bernard Guetta avait déjà confié son émotion devant le mouvement démocratique iranien.



12h15 suivi

Par la rédaction le 26/10/2011

http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=12341

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